Le syndrome du choc toxique menstruel

Syndrome du choc toxique menstruel

« Connaissez-vous le syndrome du choc toxique (SCT) ? » C’est l’une des questions posées à un échantillon de 1 065 femmes en 2017 dans le cadre d’une enquête1 commandée par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail). Le sondage portait sur l’utilisation des protections intimes et la perception des risques. Sur l’ensemble du panel, 73 % déclaraient soit ne pas du tout connaître cette maladie, soit en avoir entendu parler mais sans savoir de quoi il s’agissait précisément. Une statistique qui met en lumière le manque d’informations sur le risque infectieux encouru par les personnes menstruées utilisant des protections hygiéniques internestampons, cups et éponges menstruelles – pendant leurs règles. Pourtant, même s’il survient très rarement, le choc toxique menstruel peut avoir des conséquences dramatiques : défaillance de certains organes, gangrène, décès. Mais qu’est-ce que le SCT menstruel exactement ? Dans quelles circonstances peut-il se déclarer ? Quels en sont les symptômes ? Quelles sont les précautions à respecter pour se prémunir contre cette infection ? Toutes les explications dans cet article.

Attention : la lecture de cet article ne dispense en rien de consulter un médecin en cas de questions ou de symptômes ; seul un professionnel de santé est habilité à poser un diagnostic.

Qu’est-ce que le syndrome du choc toxique menstruel ?

Un choc toxique de type staphylococcique d’origine menstruelle

Le syndrome du choc toxique (SCT) menstruel est une maladie infectieuse caractérisée par des symptômes graves à évolution rapide, pouvant entraîner la mort : forte fièvre, tension artérielle très basse, rougeurs cutanées, troubles digestifs, dysfonctionnement de plusieurs organes.
C’est une réaction immunitaire aiguë et massive de l’organisme. Elle est provoquée par le passage et la diffusion dans la circulation sanguine d’une toxine (à savoir une substance toxique) produite par une bactérie appelée staphylocoque doré, naturellement présente dans la flore microbienne vaginale d’une partie de la population féminine.
Puisque pour ce type de choc toxique, la bactérie impliquée fait partie de la famille des staphylocoques et que celle-ci se développe à partir du vagin lors des menstruations, l’affection est également appelée « choc toxique staphylococcique d’origine menstruelle (CTS-M) ».

Staphylococcus aureus : la bactérie responsable du syndrome du choc toxique menstruelStaphylococcus aureus, la bactérie responsable du SCT menstruel. Électromicrographie à balayage de la bactérie Staphylococcus aureusLE NIAID, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons
 

Un choc toxique lié aux protections hygiéniques internes

Ce syndrome est qualifié de « menstruel », car il survient au cours de la période des règles pour les personnes menstruées. Il est associé à une utilisation inappropriée2 des protections hygiéniques dites « internes » ou « intravaginales », c’est-à-dire qui s’insèrent dans le vagin pour recueillir le flux menstruel. Rentrent dans cette catégorie les tampons, les cups et les éponges menstruelles. Porter ce type de dispositif trop longtemps, soit plus de 6   h  h d’affilée3, ou choisir un modèle avec une capacité d’absorption trop forte2 sont des usages inadaptés favorisant la survenue du SCT menstruel.

Porter trop longtemps un tampon augmente le risque de syndrome du choc toxique menstruel

Une infection bactérienne très rare mais potentiellement très grave

En France, une vingtaine de cas de syndrome de choc toxique menstruel sont déclarés chaque année depuis 2011. Même si l’incidence est faible, les conséquences d’un SCT menstruel peuvent être tragiques.

En réponse à l’infection, le corps passe en mode survie ; il privilégie les organes vitaux, au détriment des extrémités qui sont moins irriguées. Il y a alors nécrose des doigts ou des orteils, voire des pieds. L’amputation est nécessaire. C’est ce qui est arrivé à la mannequin américaine Lauren Wasser, amputée de sa jambe droite en 2012 puis de sa jambe gauche en 2018 à la suite d’un choc toxique provoqué par un tampon. Parfois, cela peut aller jusqu’au décès, comme pour Maëlle, jeune fille belge de 17 ans, victime en 2020 d’un SCT également lié à un tampon.

Gravissimes, ces cas sont cependant qualifiés d’extrêmement rares par les médecins puisque le syndrome du choc toxique menstruel ne peut se déclencher que dans des circonstances très spécifiques et limitées.

Lauren Wasser, amputée des deux jambes suite à un SCT menstruel dû à un tampon hygiéniqueLauren Wasser, amputée des deux jambes suite à un SCT menstruel dû à un tampon hygiénique. Photographie : Lauren Wasser, Facebook

Les causes syndrome du choc toxique menstruel : pourquoi et comment se développe-t-il ?

Le SCT menstruel est causé par la bactérie Staphylococcus aureus ou S. aureus, également appelée staphylocoque doré. Mais pas par n’importe quelle souche : uniquement celle qui produit une toxine appelée la toxine du choc toxique staphylococcique ou « TSST-1 » pour Toxic Shock Syndrom Toxin-1. Une faible proportion de la population féminine (1 à 4 %) accueille naturellement cette souche de S. aureus dans son microbiote vaginal4. Cette présence bactérienne, normalement inoffensive, peut devenir dangereuse lorsque certaines conditions sont réunies.

En effet, les femmes porteuses de staphylocoques dorés producteurs de la toxine TSST-1 s’exposent au risque de SCT menstruel si :
  • elles portent une protection hygiénique intravaginale de façon prolongée pendant leurs règles ;
  • elles n’ont pas la chance d’avoir précédemment développé des anticorps anti-TSST-1, c’est-à-dire des agents capables de neutraliser la toxine.
La coupe menstruelle : une protection hygiénique interne pouvant provoquer le syndrome du choc toxique
Ce phénomène s’explique par le blocage et la stagnation du flux menstruel dans la cavité vaginale lorsqu’une protection périodique interne y est en place. Le sang menstruel non évacué devient alors un milieu de culture favorable au développement des staphylocoques dorés producteurs de la toxine TSST-1 :
  • le pH est modifié et se rapproche d’un pH neutre ;
  • la température augmente et avoisine les 40 °C ;
  • les nutriments présents dans les menstruations sont disponibles.

Plus la protection hygiénique interne est gardée longtemps, plus les bactéries se multiplient dans cet incubateur naturel qu’est devenu le vagin. Quand elles atteignent une concentration importante, elles commencent à sécréter et à libérer la toxine TSST-1. Cette dernière finit par traverser la paroi vaginale et passe dans la circulation sanguine. Le corps réagit alors à la diffusion de cette substance toxique en développant les symptômes du choc toxique menstruel.

Les symptômes du SCT menstruel : comment le reconnaître ?

Le diagnostic du syndrome du choc toxique menstruel s’avère souvent difficile, car les premières manifestations se confondent facilement avec celles d’une grippe ou d’une gastro-entérite : 

Prêter attention aux symptômes du syndrome du choc toxique menstruel

  • une sensation de faiblesse générale ;
  • une fièvre soudaine et supérieure à 39 °C ;
  • des maux de tête ;
  • des douleurs musculaires ;
  • des troubles de la digestion, tels que des nausées, des vomissements ou la diarrhée.
Des symptômes plus spécifiques et de plus en plus graves apparaissent avec l’évolution de l’infection :
  • une gorge et des yeux rouges ;
  • une éruption cutanée écarlate ressemblant à un coup de soleil, suivie d’une desquamation intense ;
  • une tension artérielle faible ;
  • une atteinte rénale ;
  • une atteinte du foie ;
  • des troubles neurologiques, tels qu’une désorientation ou une altération de la conscience ;
  • une gangrène.

Le traitement du syndrome du choc toxique lié aux règles

Lorsqu’une personne réglée présente plusieurs de ces symptômes alors qu’elle est en période de menstruations, elle doit immédiatement retirer sa protection hygiénique. Ensuite, il faut qu’elle consulte en urgence. En général, une hospitalisation est nécessaire. En fonction du diagnostic, plusieurs soins pourront être dispensés par le corps médical, dont :
  • un traitement intraveineux pour faire remonter et stabiliser la pression artérielle ;
  • un traitement antibiotique pour éliminer la bactérie et stopper la sécrétion de la toxine.

Les recommandations pour prévenir le SCT menstruel

Les femmes qui utilisent des tampons ou une coupe menstruelle pour gérer leurs règles peuvent considérablement diminuer les risques de développer un SCT menstruel en respectant les recommandations suivantes : 
Se laver les mains : une recommandation pour éviter le syndrome du choc toxique menstruel
  • lire la notice d’utilisation de ces dispositifs intravaginaux et suivre les instructions données ;
  • se laver systématiquement les mains au savon avant d’insérer et de retirer une protection intime interne ;
  • changer le tampon ou vider la coupe menstruelle très régulièrement, toutes les 4 h à 6 h ;
  • laver minutieusement la cup avant de la réinsérer dans le vagin, d’abord à l’eau froide puis à l’eau chaude, avec un savon spécifique si possible ;
  • alterner le plus possible entre des protections internes et externes ;
  • privilégier une protection périodique externe la nuit, telle que la culotte menstruelle ;
  • utiliser une protection hygiénique uniquement durant la période des règles, et non pas quelques jours avant par anticipation pour éviter les fuites ou pour recueillir d’autres pertes vaginales ;
  • choisir des tampons avec une capacité d’absorption minimale adaptée au flux menstruel ;
  • ne plus utiliser de tampons ou de coupe menstruelle en cas d’antécédent de SCT menstruel. 
lingerie menstruelle nairobi

 

Si vous ne connaissiez pas le syndrome du choc toxique menstruel avant de lire cet article, il ne vous est plus inconnu désormais. Adopter la culotte de règles peut être un excellent moyen de se prémunir contre le risque de SCT menstruel. Portées en alternance avec des protections internes ou de façon continue durant tout le cycle, les culottes menstruelles Perdième sont là pour vous offrir une sécurité totale.

 

Écrit par cd

 

Sources :

  1. Anses. (2019, décembre). Sécurité des produits de protection intime - Avis révisé de l’Anses - Rapport révisé d’expertise collective. Annexe 6 : Informations complémentaires liées à l’étude Opinion Way - Enquête effectuée par la société Opinion Way du 26 juin au 4 juillet 2017 auprès d’un échantillon de 1065 femmes réglées et âgées de 13 à 50 ans, représentatif de la population féminine française, par questionnaire en ligne.
  2. Protections intimes : composition et choc toxique, toutes nos recommandations.
  3. Hospices Civils de Lyon. Syndrome du choc toxique lié aux règles. CHU Lyon.
  4. Anses. (2019, décembre). Sécurité des produits de protection intime - Avis révisé de l’Anses - Rapport révisé d’expertise collective. Page 80/261.